Par Christian Fenninger
On sait que, d’une manière générale, la communication est essentielle à l’intérieur d’un couple et l’on connait aussi l’importance qu’il y a à sortir des « non dits » sur la sexualité vécue ensemble, dans un dialogue ouvert et confiant entre les deux partenaires.
Par contre, on parle peu de l’importance de l’expression spontanée de ce qui est ressenti dans l’acte sexuel lui-même, dans un partage de la montée du plaisir et de l’excitation. Pourtant les mots ont une fonction excitatoire considérable, aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Notons qu’ils ont aussi un pouvoir d’excitation en eux même, en dehors de toute autre activité sexuelle et qu’ils peuvent ainsi amener à la sexualité et donc constituer une forme de préliminaire. Dans le paroxysme du plaisir, ils permettent d’aller encore plus haut, plus loin !
Doit-on ou non parler pendant que l’on fait l’amour ?, jusqu’où peut on aller ?, qu’est-ce qui peut être entendu ?, qu’est-ce qu’il est insupportable d’entendre ?
A toutes ces questions, les réponses sont forcément individuelles, en résonnance à la singularité de chacun et de chaque couple dans sa sexualité.
On se tait le plus souvent par pudeur ou par honte, dans la peur de choquer l’autre ou bien de donner une mauvaise image de soi même.
Penser cela, c’est ignorer que l’acte sexuel est une parenthèse qui pose ce moment partagé en dehors de la vie courante du couple et que l’on peut dire là précisément ce qui ne pourrait être exprimé ailleurs.
Pendant l’acte, certains vont être mutiques, d’autres très prolixes, certains vont aimer des mots crus, d’autres des mots doux et tendres, il n’y a pas de règle. Cependant, le mutisme total des deux partenaires peut être révélateur d’une difficulté à s’abandonner totalement.
Il y aura toujours intérêt pour un couple à communiquer aussi sur cette question en dehors des moments de sexualité, pour bien être au clair sur les limites de l’un et de l’autre sur ce qui peut être dit et entendu, sachant que cela passera forcément par un effort pour transgresser les conventions, les interdits personnels.
Beaucoup d’hommes ne s’expriment pas pendant une relation sexuelle. Du côté féminin, l’expression du plaisir passe le plus souvent par des cris, des gémissements ou des onomatopées. Pourtant, passer au-delà des conventions, franchir les limites de sa pudeur, transgresser les interdits de l’éducation, jouir de ce qui est dit à ce moment précis de lâcher prise, voilà qui amplifie puissamment l’excitation du moment.
L’espace de la relation sexuelle n’est pas celui de la vie hors sexualité. C’est un moment « à part » pendantlequel l’image de soi doit être abandonnée ! Ce qui est dit et entendu alors ne préjuge en rien de ce qui se passe dans la vie quotidienne. C’est un espace de temps où la pulsion règne en maître. Pénétrer et être pénétré par les mots échangés dans la sexualité, ajoute une dimension supérieure à la jouissance. Il serait tellement dommage de s’en priver.
Christian FENNINGER
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